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Dix ans plus tard, le souvenir de Charles-Philippe Michaud toujours bien vivant

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4 juillet 2019
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Bobby Therrien
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Par Bobby Therrien, Journaliste

Le 4 juillet 2009 restera à jamais gravé à la mémoire de plusieurs alors que la région du Madawaska et le Canada entier pleuraient le départ du caporal-chef Charles-Philippe «Chuck» Michaud, décédé de ses blessures lors d’une mission en Afghanistan. Dix ans plus tard, le souvenir du sacrifice de ce militaire des Forces armées canadiennes est toujours bien vivant.

Le frère de Charles-Philippe Michaud, Denis, a accepté de revenir sur cette période difficile pour la famille Michaud. Ce dernier a d’ailleurs tenu à offrir un cadeau à son petit frère en préparant un livret souvenir de 10e anniversaire relatant les grands faits d’armes de celui qui est mort au combat bien trop jeune, soit à l’âge de 28 ans.

« C’est surtout un cadeau en quelque sorte que je fais à Charles. Je ne suis plus capable de lui faire de cadeaux physiques, mais de préparer un hommage de sa carrière, de rassembler des photos et des textes parlant de lui et de partager cela à diverses personnes, c’était ma façon à moi d’honorer sa mémoire. Je voulais aussi montrer tous les efforts qui ont été faits en dix ans, que ce soit par la famille ou les soldats. Avec ce livret, on lui dit : Charles, voici ce que l’on a fait pour toi. »

Le caporal-chef Charles Philippe Michaud est l’un des 158 militaires canadiens à avoir perdu la vie en Afghanistan. Il s’agissait de son deuxième séjour dans ce pays, lui qui avait aussi participé à une mission dans les environs de Kaboul en 2004. L’incident qui lui a couté la vie s’est produit dans le secteur de Kandahar le 23 juin 2009. Il a été blessé sérieusement après avoir marché sur un engin explosif improvisé. Toutefois, selon Denis Michaud, lorsque le drame s’est produit, rien ne laissait supposer que le soldat n’allait pas survivre à l’explosion.

« Le cas de Charles est particulier, car dans la plupart des cas similaires, les soldats meurent souvent sur le coup. Charles, lui, a survécu au choc initial. Il a reçu les premiers soins dans un hôpital de Kandahar, mais une fois stabilisé, on l’a transporté à un hôpital militaire en Allemagne où l’on a fait des interventions. Quand il a été prêt, il a été transféré au Canada pour permettre à la famille d’être proche de lui. »

11 jours

Jusqu’à ce moment, la famille n’avait que peu d’informations sur l’état de Charles-Philippe Michaud, si ce n’est que ce dernier devait survivre. Il est arrivé au pays le 28 juin, où la famille est restée à son chevet pendant 11 jours.

« À ce moment, on ne pense pas plus loin qu’il faut, mais la principale chose qui nous passait par la tête, mes parents et moi, est que la réhabilitation allait être longue et que nous allions tout faire pour l’aider à reconstruire sa vie parce que sa carrière de soldat était terminée. On n’était pas sous l’impression qu’il allait mourir », raconte Denis Michaud.

Cependant, la situation de l’homme se détériore et celui-ci décède le 4 juillet à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus à Québec. Pour la famille, il s’agit d’un choc. Denis Michaud raconte d’ailleurs que cette période restera à jamais marquée dans leur mémoire.

« À l’époque, ça semblait être une éternité, mais avec le recul ce n’était pas très long. Nous aurions aimé avoir plus de temps avec Charles. Nous n’avons jamais pu lui parler de nouveau, car il était dans un coma. Chacun de ces 11 jours passés à son chevet revêt une signification particulière. Chaque année depuis, la période du 23 juin au 4 juillet est très difficile à vivre pour moi et mes parents. »

Comme en témoigne le frère du défunt après avoir discuté avec quelques-uns de ses compatriotes soldats à l’époque, beaucoup des amis de Charles-Philippe ne s’attendaient pas à le perdre.  

« Ils devaient rester concentrés sur leur mission, alors ils en savaient même moins que la famille. Ils ont été pris par surprise lorsqu’ils ont appris le décès de Charles. »

Continuer d’honorer la mémoire de Charles-Philippe Michaud

Au cours des 10 années qui ont suivi, de nombreuses choses ont été faites par la famille du défunt soldat afin de conserver en mémoire son sacrifice. Denis Michaud raconte que lui et ses parents, Conrad et Gisèle Michaud, sont, entre autres, allés en Afghanistan pour en savoir plus sur le métier que faisait Charles-Philippe.

« On en est venu à connaitre les amis de Charles. On a découvert des choses sur sa vie de soldat comme on ne l’avait jamais connue avant. Charles parlait d’ailleurs peu de son travail. »

Au fil des années, la famille a tissé des liens avec des soldats. Plusieurs d’entre eux, membres du Royal 22e Régiment, viennent à Edmundston lors du jour du Souvenir afin de rendre hommage à leur frère d’armes. Notons aussi que le nouveau manège militaire d’Edmundston, inauguré en 2014, porte son nom.

Le livret 10e anniversaire réalisé par Denis Michaud est le plus récent exemple de cette volonté de parler de la vie du militaire madawaskayen. Celui-ci renferme des photos, un compte-rendu de ses réalisations et quelques citations de gens qui ont connu le soldat, que ce soit des officiers supérieurs, membres de la communauté et amis.

« Il n’y avait pas des millions de choses que je pouvais faire, mais dans la limite de mes capacités, j’ai décidé de lui faire ce livret. J’ai mis beaucoup de temps pour récolter toute cette information. Je crois que le plus beau moment de ma recherche aura été de trouver une photo sur internet de Charles en train de faire du vélo stationnaire lorsqu’il était à Kaboul. Je ne l’avais jamais vue avant. Cette photo est importante, car les photos de Charles il n’y en aura plus d’autres, mais ç’a été un moment joyeux pour moi d’avoir cette nouvelle image de lui. »

Fait pour être militaire

Selon Denis Michaud, son frère était fait sur mesure pour le métier de soldat. Ce dernier le décrit comme un homme doté d’une excellente forme physique, d’une grande générosité et d’un sens inné du leadership. Dans son livret, Denis Michaud a d’ailleurs amassé divers commentaires de supérieurs qui témoignent de ces qualités chez Charles.

« On savait déjà qu’il allait faire un métier physique. Tout le monde à qui j’ai parlé et les évaluations de ses supérieurs font état d’un gars qui est un excellent soldat et même un mentor. Il a toujours mis le confort de ses confrères avant son propre confort. C’était sa vocation et s’il était encore parmi nous, je crois qu’il aurait une carrière dominante dans l’armée. Il a grimpé les rangs assez rapidement. »

Charles-Philippe Michaud a joint les Forces armées canadiennes en 2000. Au départ, ce dernier devait se charger, comme bien des militaires, d’effectuer des missions de maintien de la paix dans divers endroits dans le monde. Cependant, après les attentats de septembre 2001, des soldats sont envoyés en contexte de guerre, notamment en Afghanistan et en Irak. Le caporal-chef Charles-Philippe Michaud faisait partie du 2e Bataillon, Royal 22e Régiment, basé à la Base des Forces canadiennes de Valcartier, près de Québec.

Malgré les risques associés à son travail, un courriel envoyé à sa famille, environ un mois avant l’incident qui lui a couté la vie, explique qu’il ne regrette nullement son choix.

« Je sais que j’aurais pu choisir un autre métier, mais j’ai besoin de ce sentiment d’accomplissement que le métier de soldat m’apporte », peut-on lire dans ce message.

« Je ne sais pas ce qui l’a mené à écrire ce courriel-là, mais il s’est vidé le cœur à ce moment. Il était fier de ce qu’il faisait. Il connaissait les risques de la guerre, mais c’était son métier », a ajouté Denis Michaud.

Notons finalement qu’une mention spéciale sera faite lors d’une messe qui aura lieu le 7 juillet prochain à l’Église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs d’Edmundston à 10h.

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