Campagne de sensibilisation au « sexting » dans la région
Edmundston - Le phénomène du « sexting » a pris des proportions inquiétantes au cours de la dernière année. C'est pour cette raison qu'un groupe d'infirmières en Santé publique ont mis sur pied une campagne de sensibilisation afin d'informer les parents et les adultes entourant les jeunes aux dangers de cette pratique.
À l'heure où les cellulaires sont pratiquement utilisés par la majorité des jeunes, surtout ceux fréquentant les écoles secondaires, les médias rapportent presque tous les jours de nouvelles histoires de jeunes, victimes de publication de pornographie juvénile par l’entremise de téléphone cellulaire.
QU'EST-CE QUE LE « SEXTING »?
Le mot « sexting » est formé du mot « sexe » et « texting » et ce terme est utilisé pour faire référence à l’action de créer, transmettre ou partager avec d’autres par l’entremise d’internet ou d’appareils électroniques des photos ou des vidéos à caractère sexuel.
Présentement, les adolescents(es) sont les personnes les plus prédisposées à être des victimes du sexting. À l’adolescence, les jeunes ont une immaturité du lobe frontal de leur cerveau, qui est la zone responsable du jugement et du discernement. Durant cette phase, certains adolescents ont le désir de prendre des risques et vont tester les limites de leurs parents, de « leurs enseignants et de la société en général. Les changements hormonaux qu’ils subissent durant cette période font aussi en sorte qu’ils veulent explorer leur sexualité.
De plus, le fait d’être nés dans une ère technologiquement avancée les rend encore plus vulnérables, car ils possèdent maintenant un outil permettant d’expérimenter tous ces aspects simultanément en pratiquant le sexting via leur téléphone cellulaire.
Le problème du « sexting » est présent partout y compris les petites communautés rurales. Certaines statistiques canadiennes ont rapporté qu’un jeune sur trois a déjà reçu ou envoyé un « sexto » et lqu’au moins une fois sur cinq un « sexto » est envoyé ou partagé à d’autres personnes. De plus, les jeunes qui « sextent » sont quatre fois plus à risque d’avoir songé au suicide dans la dernière année. Statistiques assez alarmantes!
La plupart des jeunes qui « sextent » vont surtout le faire dans le cadre d’une relation amoureuse déjà existante, pour offrir un cadeau à leur amoureux ou amoureuse. D’autres peuvent le faire parce qu’ils ont besoin d’attention ou parce qu’ils tentent de séduire quelqu’un.
La grande accessibilité de nos jeunes à la pornographie sur internet aujourd’hui influe aussi énormément sur le problème du « sexting ». Les jeunes vont chercher un repère facilement accessible et confidentiel pour avoir de l’information sur la sexualité et pensent à tort que la pornographie sur internet est une bonne source d’information. La banalisation du sexe dans la pornographie va faire en sorte que certains ados vont tenter de réaliser des fantasmes via leur cellulaire.
Un jeune peut aussi se retrouver dans un « sexto » parce que des photos ont été prises à son insu pendant un party ou ailleurs et sont utilisées pour humilier la personne en cause. Le « sexting » peut aussi être pratiqué par coercition, c'est-à-dire, lorsqu’une personne se sent obligée d’envoyer des photos intimes parce qu’elle subit des menaces ou devient victime d’un leurre.
CONSÉQUENCES
Le « sexting » peut entraîner des conséquences émotionnelles et sociales graves sur les victimes comme l’humiliation, la honte de la personne et de sa famille, la perte de certains amis, le harcèlement de la part de l’agresseur ou des autres, l’atteinte à la réputation. Il peut même rendre difficile la recherche d’un emploi futur, car maintenant certains établissements d’éducation et même plusieurs employeurs vont aller sur le web prendre de l’information avant d’engager quelqu’un.
Un ou une mineur(e) qui pratique le « sexting » peut avoir à faire face à des conséquences légales, car il ou elle peut avoir produit de façon non intentionnelle du matériel considéré comme de la pornographie juvénile. Selon le Code criminel du Canada, des photos, des films, des vidéos ou d’autres représentations visuelles qui montrent des personnes de moins de 18 ans participant à des activités sexuelles explicites sont considérées de la pornographie juvénile.
Plusieurs jeunes et moins jeunes vont s’envoyer des photos à partir d’applications telles que Snapchat, Instagram, Vine, Kik messenger, Whatsapp messenger. Ces applications prétendent être sécuritaires, car après quelques secondes, l’image envoyée disparaît, sauf que les adeptes de la technologie savent qu’ils peuvent faire un « screen shot » ou « screen capture » et garder l’image sur leur appareil et le diffuser à d’autres personnes. La modification des images est même réalisable avec certaines applications. Tous doivent savoir qu’aucune application n’est sécuritaire pour envoyer des « sextos ».
PRÉVENTION
La meilleure mesure préventive au « sexting » est l’éducation des jeunes face à ce problème. Donc, il est primordial que les parents puissent ouvrir une discussion lorsque l’opportunité se présente que ce soit à la télé ou lorsqu’une situation survient ici ou ailleurs et surtout lors de l’achat du cellulaire de l’enfant afin de discuter du danger et des conséquences du « sexting ».
Voici ce qu’il faut discuter au sujet du sexting avec nos ados :
1) Réfléchir plusieurs fois avant d’envoyer une photo ou un texto. Dites-leur : « Tourne ton téléphone 7 fois dans ta main en réfléchissant à toutes les personnes qui pourrait voir ce sexto avant de l’envoyer »
2) Déterminer avec eux quel genre de relation intime (saine ou malsaine) ils veulent entretenir : une relation entre deux personnes ou une relation entre deux téléphones.
3) Recadrer leurs valeurs en misant sur le respect de soi et des autres
4) Réapprendre ce qu’est la pudeur (la petite voix qui dit « Je ne suis pas à l’aise, zone d’inconfort, malaise »
5) Déterminer avec eux ce qui est acceptable de faire en public et ce qui doit être fait dans l’intimité
6) Avoir un code de verrouillage sur leur cellulaire et garder leur mot de passe privé (à part les parents bien sûr qui ont le droit de savoir ce qui se passe avec le cellulaire de leur ado car vous êtes légalement responsable)
7) Appuyer sur « supprimer » au lieu de « partager » s’ils reçoivent un sexto, un propos indécent ou une rumeur à propos de quelqu’un
8) Si vos enfants sont victimes via le web, il y a de l’aide en ligne pour la victime et sa famille ainsi que pour l’instigateur et sa famille via le site de www.cyberaide.ca et www.aidezmoisvp.ca ou encore aller chercher de l’aide en une personne de confiance.
9) Dénoncer à la police les situations d’abus.
10) Finalement, leur dire qu’une image vaut mille mots et souligner l’importance de garder une bonne réputation afin d’être perçu d’une façon respectable dans le regard des autres et ne pas être perçu comme un objet sexuel.
CAMPAGNE DANS LE DSFNO ET AUPRÈS DES PARENTS
La campagne « Avant d’envoyer ou partager; réfléchissez! »a été lancée en février dernier dans les écoles secondaires du District scolaire francophone du Nord-Ouest (DSFNO) par différentes activités telles que des kiosques d’information, scénarios animés par les élèves ainsi qu’un concours d’affiche promotionnelle. Des capsules radiophoniques sont aussi diffusées sur les ondes des radios régionales.
De plus, une entente parent/ado pour une utilisation intelligente du téléphone cellulaire a été conçue afin que les parents puissent prendre le temps de discuter avec leur ado d’habitudes saines à adopter lors de l’achat d’un téléphone cellulaire. Ces ententes ont été distribuées à divers marchands de téléphones cellulaires de la région. Nous encourageons les parents à en prendre connaissance avec l’achat d’un téléphone cellulaire pour leur jeune et de signer l’entente avec eux en l’adaptant selon leurs valeurs.
Notons aussi qu'une affiche promotionnelle réalisée par Jimmy Pineault, élève de la PAJS, sera distribuée un peu partout dans les écoles de la région.
