Edmundston - Un économiste de l'Université du Nouveau-Brunswick (UNB) croit que la province devrait augmenter la valeur de son salaire minimum. En effet, le professeur Rod Hill estime que le salaire minimum, présentement à 10 $/l'heure, devrait passer à 10,30 $/l'heure.
 
« La dernière augmentation du salaire minimum était en avril 2012. Depuis, les travailleurs à salaire minimum ont vu leur pouvoir d’achat diminuer en raison de l’inflation. Si nous voulons qu’ils maintiennent le même pouvoir d’achat que celui qu’ils avaient à ce moment-là, il faut une augmentation de 0,30 $ cette année », souligne M. Hill dans un rapport sur le salaire minimum préparé pour le Front commun pour la justice sociale.

Afin d’éviter l’érosion continue du pouvoir d’achat du salaire minimum, M. Hill recommande au Nouveau-Brunswick de suivre l’exemple de plusieurs autres provinces, et de rajuster annuellement le salaire minimum. Ainsi, les changements seraient relativement petits et prévisibles d’une année à l’autre : ce serait mieux, pour les travailleurs et les entreprises, que l’approche improvisée actuelle.

« Plusieurs études ciblant les augmentations du salaire minimum indiquent peu d’impact sur l’emploi. Les effets sur l’emploi, même pour les jeunes adultes (20 à 24 ans), ont tendance à ne pas être substantiels sur le plan économique et, chez les adultes plus âgés, ils sont trop petits pour être mesurés », précise l'économiste.

« En 2013, près de 8 % de la main d’œuvre du Nouveau-Brunswick était à salaire minimum, soit l’un des pourcentages les plus élevés au Canada. La moitié des travailleurs rémunérés à salaire minimum travaillent dans des entreprises de plus de 500 employés, et non pas au dépanneur », ajoute-t-il.
Au cours des dix dernières années, le salaire minimum au Nouveau-Brunswick est passé de 7,35 $ l’heure à 10 $ l’heure. Rod Hill croit que cela a permis de réduire l’inégalité des salaires et de contribuer de façon importante au revenu des travailleurs à faible revenu.

«Ces augmentations s’harmonisent aux augmentations dans les autres provinces. Si aucun rajustement n’est fait au salaire minimum en 2014, le Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador et les Territoires du Nord-Ouest, auront les salaires minimums les moins élevés au Canada », affirme M. Hill.

Comme le souligne ce dernier, la pertinence et l’importance du salaire minimum ont augmenté au cours des dernières décennies en raison de la croissance des emplois à faible salaire et d’une plus grande inégalité des salaires, ce que le salaire minimum permet de réduire.
Selon lui, établir un salaire minimum assure un salaire juste et décent aux travailleurs les plus susceptibles d’être exploités par les employeurs.

« Lorsqu’une loi du salaire minimum fait augmenter le taux du salaire à un taux supérieur à celui qu’il serait autrement, des revenus sont alors transférés à la main-d’œuvre à salaire minimum, et ces revenus viennent des poches des propriétaires d’entreprises qui versent ces salaires. C’est la raison pour laquelle les augmentations du salaire minimum soulèvent des controverses sur le plan politique », conclut M. Hill.