Edmundston – Une centaine de personnes ont assisté à la conférence « À chacun son podium » de la double médaillée olympique, Sylvie Fréchette, le mercredi 12 mars, à la salle multifonctionnelle Édupôle d’Edmundston.

Mme Fréchette était l’invitée du Salon de l’emploi, de la formation et de l’entrepreneuriat. Incarnant parfaitement son rôle de conférencière, accompagnée d’une chorégraphie théâtrale digne de ses plus grandes performances en piscine, la grande dame de la nage synchronisée a su émouvoir les personnes venues entendre son témoignage.

La médaillée d’or des Jeux de Barcelone (1992) et d’argent des Jeux d’Atlanta (1996) a traité de nombreux sujets, alliant enfance, famille, tragédies, succès et carrière. Elle a raconté avoir perdu son père en 1970 à la suite d’un accident routier quand elle avait trois ans. Son « mini frère », comme elle l’a surnommée, n’avait que quatre mois à cette époque.

Elle a ensuite parlé de son amour pour l’eau qui commença à l’âge de sept ans. Puis, ce fut les succès qu’elle accumula à compter de 11 ans en nage ornementale, désignation qui a précédé la nage synchronisée. Elle consacrait 35 heures d’entrainement par semaine en piscine, en plus d’aller à l’école. La très réputée Julie Sauvé est devenue son entraineuse.

Bien qu’elle ait remporté l’or en 1992 à Barcelone, l’adversité l’a envahie pendant cette année. En janvier, elle perd son grand-père qui succomba à une crise cardiaque. Puis, en juillet, à quatre jours du départ de la délégation à destination de Barcelone, le malheur frappa à nouveau quand elle trouve son fiancé mort à leur domicile. Il s’était enlevé la vie. L’athlète étant complètement atterrée, bien peu croyaient qu’elle aurait la force de caractère pour se relever devant pareille tragédie.

« Je suis bien vivante, moi, a-t-elle partagé à son public. J’ai trop investi dans la nage, alors je m’en vais à Barcelone pour donner tout ce que je peux », a-t-elle raconté.

En Espagne, le malheur s’acharne encore contre elle. Lors de sa première routine, une juge brésilienne se trompe de chiffre dans la notation électronique. Au lieu d’un 9,7, elle reçoit un 8,7. La juge en chef refuse d’entendre la cause de la Brésilienne qui gesticulait sans cesse pour attirer l’attention sur le fait qu’elle venait de commettre une erreur. Au lieu de figurer au premier rang, Fréchette chute en quatrième position. Grande désolation.

La nageuse ne baisse pas les bras. Au contraire, elle se ressaisit et, grâce à l’exécution quasi parfaite de sa deuxième routine, elle parvient à se hisser en deuxième position et à rafler l’argent.

Les mois passent, l’injustice devient lourde et embarrassante. Dick Pound, un avocat canadien et membre influent du comité international olympique, s’empare du dossier et promet à Fréchette de faire toute la lumière sur cet incident. Plus d’un an plus tard, justice est faite. Elle reçoit enfin sa médaille d’or lors d’une cérémonie empreinte de vives émotions au vieux Forum de Montréal.

À la fin de sa conférence, elle a répété à chaque membre de son auditoire de toujours viser haut, d’accomplir ses rêves et d’atteindre la plus haute marche de son podium, quel qu’il soit.

Une présentation toute simple, mais remplie d’émotions, surtout quand elle a projeté sur écran les trois minutes et trente-trois secondes de sa dernière routine des Jeux olympiques de Barcelone. Les gens qui se souvenaient de cette performance extraordinaire avaient certes encore des frissons.

Aujourd’hui mère de deux filles, Sylvie Fréchette dirige le club de nage Neptune-synchro à Saint-Jérôme, au Québec. Elle est conférencière et coach de vie à temps plein.